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Dans
quelle mesure nos gènes déterminent-ils nos comportements? |
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Cette question est mal posée. Cela devient apparent si on la transpose à une situation familière: dans quelle mesure l'électricité détermine-t-elle l'éclairage? Oui, sans électricité, pas de lumière; mais sans ampoule électrique pas de lumière non plus... Impossible d'attribuer l'éclairage exclusivement à l'un ou l'autre... et la question doit être reformulée. La lumière vient de s'éteindre: cette variation d'éclairage est-elle due à l'électricité ou bien à l'ampoule? Cela sera clairement l'un ou l'autre, suivant qu'il y a aura une panne d'électricité ou bien une défaillance de l'ampoule. C'est donc ici la différence entre deux états qui peut être clairement attribuée à une cause.Ainsi, le fait d'avoir deux jambes ne peut être exclusivement attribué ni aux gènes ni à l'environnement, car les deux sont nécessaires. Par contre, la variation du nombre de jambes entre deux moments, ou entre deux personnes, est attribuable à une cause soit environnementale (un accident), culturelle (la mère enceinte ingère de la thalidomide1) ou plus rarement génétique. |
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1. Thalidomide,
médicament préconisée entre 1956 et 1961 contre les
nausées de la femme enceinte. A propos de ces nausées, toujours
mal comprises par la médecine actuelle, voir le chapitre II.
De la même façon, un comportement ne peut être attribué exclusivement à des gènes ou à un environnement social, les deux étant nécessaires... |
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Reformulation de la question: |
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Il existe une grande variation des comportements humains: dans quelle mesure les gènes expliquent-ils cette variation? |
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Il était classique, tout au long du XXème siècle, de
considérer que les gènes n'expliquent pas la grande variation
des comportements, celles-ci étant expliquées principalement
par des facteurs sociaux ou familiaux. C'est une position extrême
qui est devenue intenable, étant donné le développement
des connaissances scientifiques. Oui, il y a des facteurs génétiques
qui interviennent, que l'on ne peut nier, et dont il faut bien s’accommoder,
quelles que soient ses positions morales ou ses opinions politiques.
Ainsi, certaines différences dans la préférence alimentaire sont génétiques (voir chapitre I); les préférences sexuelles (homosexualité vs hétérosexualité) sont partiellement génétiques (voir chapitre V); de nombreuses différences entre hommes et femmes sont déterminées biologiquement, même si des effets culturels les amplifient (voir chapitre IV). Il existe bien d'autres exemples, toujours en restant dans les chemins bien balisés des études scientifiques sérieuses et vérifiées: d'ailleurs, avec les résultats des analyses des génomes humains, la liste s'allonge... Il ne faut pas en conclure que toutes les variations comportementales sont génétiques, ce qui est absurde: il y a évidemment de très fortes influences culturelles et environnementales. Par exemple la domination masculine, d'origine culturelle, a une longue histoire, dont un aspect peu décrit dans les manuels, le lien profond entre le système de reproduction et le système politique, est détaillé dans le chapitre III. Un autre exemple, notre type de personnalité, déterminé en partie par le rang de naissance, qui est un facteur familial (voir chapitre VI). De plus, il existe également des interactions entre l'évolution génétique et l'évolution culturelle, dont un exemple est développé dans le chapitre I. |
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